En 1976, Dacia Maraini, écrivaine et militante féministe, tourne le documentaire Le ragazze del Capoverde [1] qui tentait une analyse de l’exploitation des femmes africaines employées comme main-d’œuvre à bas prix par les familles de la bourgeoisie romaine. C’est en effet au début des années 1970 que – souvent par l’intermédiaire d’associations catholiques –, les premières femmes migrantes, provenant des pays latino-américains, du Cap-Vert et quelques années plus tard des Philippines, arrivent en Italie pour faire les colf [2]. Parallèlement, des femmes érythréennes arrivent également, leur principal canal d’arrivée étant celui des familles des ex-colons italiens (Favaro, 1993 : 66). Ce premier processus migratoire, bien que plus récent par rapport à d’autres pays européens comme la France ou l’Allemagne, présente la particularité d’être déjà caractérisé dès cette phase initiale par une forte présence de femmes et surtout, par l’arrivée de migrantes seules qui prennent peu à peu la place jadis occupée par les femmes provenant des régions les plus pauvres d’Italie (les régions méridionales et l’aire vénitienne) [3]. En dépit de cette réalité, la question de la « race » et de son articulation avec le « sexe » est davantage évoquée dans le féminisme italien des années 1970 par l’analogie entre la situation des femmes et celle des autres groupes d’opprimés, en particulier les « Noirs », que par cette présence réelle. L’analogie femmes-Noirs n’est pas exclusive du féminisme italien des années 70. Elle a, au contraire, joué un rôle décisif dans les mouvements féministes, en particulier dès le XIXe siècle aux Etats-Unis, où les liens entre la lutte des femmes pour le vote et celle des abolitionnistes furent très forts. Ces luttes ont en effet eu une histoire quasi parallèle, bien que parfois conflictuelle (Davis, 1982 ; Dhavernas et Kandel, 1983 ; Dorlin, 2005). Le parcours de Sojourner Truth en est emblématique, elle qui, dans son fameux plaidoyer pour la libération des femmes à la convention d’Akron en 1851, fait « l’irrésistible démonstration de l’articulation entre esclavagisme, racisme, domination de classe et stéréotypes féminins » (Basch, 1997 et 1999). Convaincue que la libération des femmes allait de pair avec la libération des Noirs, cette femme – ex-esclave, militante abolitionniste et féministe – a fait l’expérience sur sa propre peau du racisme des féministes « blanches » ainsi que du sexisme des hommes, les « blanc-he-s » abolitionnistes et les frères « noirs ». Son parcours dramatique montre, dans la fragilité de la « sororité » et de la fraternité de « race », que la commune appartenance (de « sexe », de « race ») ne garantit pas la solidarité. Un siècle plus tard, avec le néo-féminisme des années 70, la comparaison entre la situation des Noirs et celle des femmes s’affirme comme une référence majeure qui va jusqu’à laisser des traces dans les pratiques et le langage des nouveaux mouvements féministes. Ainsi, la pratique de la non-mixité compte, parmi ses sources les plus significatives, la lutte des Noirs du Black Panther Party , tout comme plusieurs expressions, telles que Women Power (Black Power), Male Supremacy (White Supremacy), Aunt Thomasina (Uncle Tom) (Décuré, 1974 : 455). Même le terme de « sexisme », qui nous paraît aujourd’hui auto-évident, n’existait pas il y a quelques décennies : forgé au cours des années 60 dans le contexte du féminisme nord américain, sur le modèle du terme de « racisme » (Dhavernas et Kandel, 1983), ce concept s’est ensuite étendu au niveau international, d’abord dans les écrits militants – où il remplace des termes comme « chauvinisme mâle », « racisme contre les femmes », « sexephobie » ou « mysoginie » – et ensuite dans les dictionnaires et dans le langage courant et savant. En soulignant le parallèle entre les mécanismes de l’oppression raciale et sexuelle, les féministes (d’abord nord-américaines puis européennes) entendaient démontrer que, dans les deux cas, des arguments de type biologiques (appuyés sur des différences physiques perceptibles : la couleur de la peau, le sexe) étaient employés afin de légitimer des systèmes de discrimination, de subordination, de dévalorisation. A ce moment, les groupes féministes visaient leur légitimation, moyennant un rapprochement vers le plus solide antiracisme de la gauche. Dans les années suivantes, la comparaison entre sexisme et racisme s’intensifie, au fur et à mesure que les mouvements de lutte des Noirs acquièrent une plus grande visibilité. Plusieurs mouvements féministes révolutionnaires se réfèrent à l’expérience des mouvements de lutte afro-américains, dans laquelle Malcom X représente une figure fondamentale [4]. Nombre de textes parmi les plus importants et connus de la période, reprennent ce thème à l’intérieur et hors des Etats-Unis, à partir de « Woman’s Estate » (Mitchell, 1966) et de « The Dialectic of Sex » (Firestone, 1970) – traduits en Italie respectivement en 1972 et 1971 – jusqu’aux publications militantes. En France, par exemple, dans le très célèbre numéro de Partisans « Libération des femmes. Année zéro », les références au binôme « sexe »/ »race » sont fréquentes dès la présentation où non seulement on relève la « communauté d’oppression » existant entre les femmes et les Noirs mais aussi le lien entre la force du mouvement féministe nord-américain et la présence simultanée d’un fort mouvement de lutte des Noirs qui, par la pratique du séparatisme [5], avait forgé un outil de lutte décisif (Partisans, 1970 : 3-8). D’autre part, Christine Delphy soulignait, dans une optique anti-essentialiste, l’importance de cette comparaison dans la genèse de L’ennemi principal, un des textes clé du féminisme français des années 1970, qui connut en Italie au moins deux traductions [6] :
« J’ai, dans un premier temps, eu l’intuition que l’oppression des femmes est politique […] Je me suis mise à comparer dans ma tête la situation des femmes à la situation des Noirs, à la situation des Juifs, c’est-à-dire à des oppressions dont, à l’époque, la plupart des gens reconnaissaient qu’elles étaient des constructions sociales et ne devaient rien à la constitution physique des individus qui constituent ces groupes. Alors j’ai conçu l’oppression des femmes comme étant du même ordre » (Delphy, 1988 : 55-57).
Le féminisme italien des années 1970 reprend à son tour la référence au couple « sexe/race », comme le témoigne, de manière emblématique, la couverture de la quatrième édition d’un ouvrage d’une grande importance historique : « La coscienza di sfruttata » (Abbà et al., 1977), figurant la silhouette d’Angela Davis menottée [7]. Les thèmes de l’oppression et de l’exploitation des femmes par le système patriarcal, développés dans ce livre – traduit en français par Des femmes en 1974 avec le titre Etre exploitée –, sont ainsi symbolisés par la superposition de « femme » et « Noire » (Perilli, 1999). La première référence au binôme « sexe/ race » dans un texte féministe italien date de 1970 : elle est mentionnée dans « Sputiamo su Hegel », un des textes les plus célèbres du groupe Rivolta femminile. Dans ce texte, en développant à l’extrême le thème, fondamental pour la quasi-totalité des féminismes de la période, de l’oppression commune des femmes par le patriarcat (les femmes constituent une classe – ou une caste – par delà les classes sociales, en raison de leur fonction commune de reproductrices, d’éleveuses d’enfants et de travailleuses ménagères), Lonzi affirmait : « l’homme noir est égal à l’homme blanc, la femme noire est égale à la femme blanche" (Lonzi, 1970 : 21). Ici, l’analogie entre sexe et « race » figure dans la forme limite d’une dénégation qui permet d’assurer le caractère fondamental de la différence sexuelle [8]. L’association entre « sexe » et « race » est à l’époque systématique, même si elle est hétérogène. On la retrouve depuis le titre de la revue du groupe Anabasi, Donne è bello – titre évidemment emprunté au slogan du Black Power « Black is Beautiful » [9]–, jusqu’au nom de l’un des groupes féministes actifs à Bologne au milieu des années 1970, les Pantere Rosa, nom qui, même par sa prise de distance ironique, signale la persistance du modèle révolutionnaire des Black Panthers. Ce sont donc des « contaminations sémantiques et politiques » (Baeri, 1997 : 16) qui, comme dans le cas du manifeste pour la liberté d’avortement Donne è bellum [10] du collectif Zizzania, marquent aussi le passage entre la phase de revendication des droits civils à la lutte révolutionnaire par le choix même d’un langage belliqueux comme dans le dernier exemple mentionné. Il serait tout à fait nécessaire de reconstruire plus en détail les canaux d’arrivée de cette thématique en Italie et, notamment, les rapports internationaux du mouvement féministe italien – principalement avec les Etats-Unis et la France au début des années 70 – ainsi que les traductions et la circulation des matériaux concernant ce thème. Si l’un de ces canaux a été le Parti radical [11], des féministes ont aussi joué un rôle majeur et notamment Maria Teresa Fenoglio et Serena Castaldi. La première, militante féministe à Turin, collabore avec des autres femmes à la rédaction de Comunicazioni rivoluzionarie (Cr)[12]. Celui-ci était un groupe – avec des sièges à Turin, Milan, Rome et plus tard à Boston – qui offrait un service de ronéotype aux autres organisations de la nouvelle gauche. Il se proposait également de diffuser en Italie des informations sur les luttes révolutionnaires aux Etats-Unis et vice-versa (Zumaglino, 1996). Les femmes du collectif traduisaient des textes tirés des journaux de l’underground nord-américain en particulier sur les luttes des Black Panthers [13] et des luttes contre la guerre du Vietnam qui étaient publiées dans le Note de Cr. A partir de septembre 1970, Fenoglio – qui peu après va à Boston pour travailler dans le siège local du groupe– et les autres femmes de la rédaction publient un supplemento donne [14], supplément bimensuel où seront traduits articles et notices du mouvement féministe nord-américain, parmi lesquels des manifestes des Black Panthers sur les droits des enfants et les luttes des femmes noires dans les hôpitaux. La deuxième, Serena Castaldi, militante de Anabasi a certainement joué un rôle important en introduisant en Italie à son retour des États-Unis les premiers textes sur la pratique de consciousness-raisin. Anabasi, en 1972, publie le déjà cité Donne è bello où les références à cette analogie sont nombreuses et hétérogènes. Cette publication, qui a eu une large diffusion militante, contenait de nombreuses traductions : L’ennemi principal, un article de Monique Wittig (« Lotta per la liberazione della donna ») qui établissait l’analogie femmes-Noirs, ainsi que plusieurs articles du féminisme nord-américain, en grande partie tirés du recueil des Radical Feminists, « Notes from the First, Second, Third Year ». L’unique voix des militantes noires dans Donne è bello est la fameuse réponse des Sœurs à l’appel lancé des Frères du Black Unity Party de Peekskil [15]. Mais cette voix était sans « contexte de signification » (Passerini, 2005 : 192) puisque la partie dédiée au Black Feminism de « Notes from the Third Year » n’eut pas de traduction italienne. Parmi les contributions italiennes, la comparaison entre femmes et Noirs est reprise – sur le modèle de « A kind of memo », l’un des textes précurseurs du féminisme nord américain des années 60 (King et Casey, 1964) [16] – dans « Non c’è rivoluzione senza liberazione della donna »[17], daté de décembre 1970 et dejà publié par le Supplemento donne de Cr [18] – du groupe Cerchio spezzato. Quelques-unes des militantes de ce groupe – en particulier Luisa Abbà et Elena Medi – seront très proches du Demau, et ont ensuite joué un rôle important dans les rapports entres les féministes italiennes et Psychanalyse et politique ainsi que dans la constitution de la Libreria delle donne et l’élaboration de Più donne che uomini (Cigarini, 1995 ; Schiavo, 2002) Le paragraphe intitulé Le donne e i Neri – il sesso e il colore19 fonde l’analogie sur le fait biologique du « sexe » et de la « race » :
« Le processus de libération du peuple noir nous a fait de plus en plus prendre conscience de notre situation réelle et des analogies très strictes existant entre eux et nous. Etre femme tout comme être Noir est un fait biologique, une condition fondamentale […]. Comme les Noirs d’Amérique, qui se reconnaissent exploités non seulement à cause de leur appartenance de classe mais aussi à cause de la couleur de leur peau et donc, pour sortir de leur condition de subordination, luttent contre une société capitaliste mais aussi blanche, de la même façon les femmes pourront trouver une réelle voie de libération en luttant contre une société que n’est pas seulement capitaliste, mais aussi mâle » (Cerchio Spezzato, 1972 :127).
Si la force de la comparaison résidait dans sa valeur de contestation de toute forme de naturalisme (cf. notamment à L’ennemi principal), elle est maintenant pliée à un rôle inversé de fondation : la comparaison femmes/Noirs est ici basée précisément sur leur caractéristiques physiques (le sexe, la peau) ce qui est l’exact contraire des considérations de Delphy qui, comme nous l’avons vu, établit l’analogie entre les femmes et d’autres groupes opprimés afin d’affirmer que même l’oppression des femmes est une construction sociale qui ne doit rien à leur constitution physique. La même année paraît le déjà cité La coscienza di sfruttata dont la rédaction remonte vraisemblablement à quelques années auparavant. Il s’agit de la publication d’un mémoire de maîtrise en sociologie soutenue à l’université de Trente par le premier noyau du Cerchio Spezzato (Luisa Abbà, Gabriella Ferri, Giorgio Lazzaretto, Elena Medi et Silvia Motta). Le paragraphe Razzismo e sessofobia [20] propose une version intensifiée et étendue de l’analogie, par une série de comparaisons et de glissements métaphoriques :
« Le racisme et la sexophobie forment un binôme inséparable. Le racisme ne vit, ne prend corps, matière et signification, que s’il est mis en équation avec ce qui est 'différent' : différent qui devient pour lui immédiatement inférieur (la femme, le Juif, le Noir). […] L’unique expérience de masse comparable d’une certaine manière à l’esclavage des Noirs que l’Occident ait connue est l’enfer nazi. Les camps de concentrations n’ont pas seulement été un système d’esclavage pervers, ils ont été aussi un patriarcat pervers, ce qui est moins évident mais plus précis. […] de nombreux prisonniers des camps de concentrations nazis ont été transformés en enfants pleurnichards, serviles et dépendants. […] La situation de dépendance absolue de l’esclave, du prisonnier, les oblige à considérer la figure de l’autorité comme étant réellement bonne. Pour les femmes, le camp de concentration c’est la maison : leur position subordonnée et dépendante à l’égard des hommes les conduit à s’identifier à eux » (Un collectif italien, 1974 : 63-66).
« L’originalité » de ce discours tient au fait qu’il introduit le « Juif » à côté du « Noir » qui, à l’époque, est le symbole privilégié incarnant la « race » dans les mouvements révolutionnaires, comme du reste dans tout mouvement anti-impérialiste de l’après-guerre. Le stéréotype unissant les Juifs et les femmes, fondé sur leur identification avec la sexualité, s’enracine dans une très ancienne tradition, du christianisme originel jusqu’à Weininger (Rossi-Doria, 1999). Mais sa reprise en termes critiques débouche ici sur un amalgame entre le sexisme et l’antisémitisme qui élude la spécificité de la condition et du sort réservé aux Juifs et aux Juives, (dont le traitement nazi n’est pas celui réservé aux autres femmes], par le système génocidiaire nazi. Une certaine banalisation de l’antisémitisme est en plus ici confortée par la reprise a-critique du cliché des Juifs comme « enfants pleurnichards » qui réactive le préjugé de la passivité des Juifs. Du reste, l’utilisation métaphorique du nazisme dans la lutte contre certaines formes d’oppression et d’exploitation a souvent été un lieu commun récurrent dans les mouvements de contestation de l’époque (il suffit ici de rappeler le fameux « CRS-SS » – en italien PS-SS) [21] et les mouvements féministes n’ont pas échappé à ce piège (Lesselier, 1997). Même Lotta femminista, l’un des groupes les plus connus et actifs des années 70 n’échappe pas à certaines simplifications, en dépit de son attention à éviter les comparaisons génériques et de ses analyses mieux articulées et plus attentives aux disparités de pouvoir entre les diverses fractions de classe : ouvriers indigènes versus migrants - non seulement les Noirs mais aussi les immigrés « intérieurs », c’est-à-dire les Italiens qui émigraient du Sud de l’Italie pour travailler dans les grandes usines du Nord-, ouvrier salarié et femme sans salaire, double infériorisation des femmes immigrées. Ainsi, en parlant de l’exclusion des femmes allemandes du marché du travail par le nazisme, le groupe affirme que « les lois de fer sur l’occupation féminine […] enfermèrent la femme allemande dans le « Lager » des trois « K » (Kinder, Kirche, Kuche) » (Lotta Femminista, 1972 : 83), oubliant que des autres femmes – juives, lesbiennes, tziganes –, furent enfermées dans bien d’autres « Lager ». Au-delà du cas limite du nazisme, il est indubitable que la comparaison opérée par les féministes entre leur propre situation et celle des autres groupes opprimés « fut un moment, peut-être incontournable, dans l’émergence d’un mouvement, la recherche d’une identité, et l’analyse d’un système d’exploitation et d’oppression complexe, et irréductible à tout autre» (Dhavernas et Kandel, 1983 :15). Les analogies et les métaphores – comme celles de l’esclavage et de l’affranchissement – employées pour décrire et définir le sexisme, ont été souvent utiles et fécondes (Dorlin, 2002) Toutefois, une reconstruction critique des avatars du binôme « sexe »/« race » dans les parcours du féminisme italien peut contribuer à faire émerger une réflexion sur les risques entraînés par ces analogies. Relativement efficace sur le plan stratégique, l’amalgame sexisme/racisme – et de certaines formes spécifiques de racisme, comme l’antisémitisme – tout comme la présomption de l’identité immédiate des respectifs « anti », montre de fortes limites du point de vue théorique et politique (Balibar, 1989-1990 ; Dhavernas, 1993 ; Perilli, 1999).
1 Les filles du Cap Vert. Maraini, Dacia, Le ragazze del Capo Verde, 16 mm, BN, 50’, 1976. Cf. Miscuglio et Daopoulo, 1980 : 208. Le film figurait aussi – sous le titre de Le ragazze di Capo Verde – , dans la liste des films féministes publiée dans L’almanacco (Fraire et al. 1978 :143).
2 Le terme de collaboratrice familiare (colf), euphémisme italien pour dire « bonnes », a été forgé par les ACLI (Associazioni cattoliche lavoratori italiani, i.e Associations catholiques des travailleurs italiens), qui avaient créé un secteur spécifique ACLI-colf, au début des années 70 (Turrini, 1977).
3 Dans les années suivantes, on assiste à la suite des guerres à l’arrivée de familles entières de Somalie (autre ex-colonie italienne) et des pays de l’Europe orientale. Enfin, avec la loi dite Turco-Napolitano sur le « ricongiungimento familiare » (regroupement familial) arrivent en Italie les Nord-Africaines (Campani, 2000 et 2002).
4 Même bell hooks, l’une des intellectuelles contemporaines qui a placé au cœur de son travail les questions du sexisme et du racisme, reconnaît Malcom X comme une référence théorique et politique centrale dans son propre parcours de politisation ( Nadotti, 1998 : 45).
5 Paradoxalement, le féminisme nord-américain et ensuite européen, emprunte la pratique du séparatisme des mouvements des Noirs, lorsque certains groupes féministes afro-américains rejettent le séparatisme justement au nom de la solidarité avec la communauté noire, solidarité basée sur la commune expérience du racisme. Par exemple le Combahee River Collective, voir. Dorlin, 2005 ainsi que la traduction de ce texte et l’article de J. Falquet contenus dans ce numéro.
6 Le texte de Delphy, originairement signé Christine Dupont (rééd. in Delphy, 1998) a été traduit avec le titre « Il nemico numero uno » in Anabasi, 1972: 40-66 et avec le titre « Il nemico principale », in Menapace, 1972 : 257-279.
7 Comme on le sait, une vaste campagne internationale pour la libération d’Angela Davis avait eu lieu : enseignante à l’université de San Diego en 1970, Davis avait été exclue de l’université et emprisonnée pendant deux ans à New York, à la suite d’une tentative d’enlèvement d’un juge et d’un procureur qui s’était soldée par un carnage , tentative dans laquelle elle avait été mise en cause à tort.
8 À la même époque, aux Etats-Unis notamment, on commence à dénoncer le racisme implicite de l’analogie femmes-Noirs (et femmes blanches/femmes noires), tout comme l’affirmation « Nous aussi, nous sommes opprimées » (Décuré, 1974 : 456).
9 Le fait que le titre de la revue soit souvent cité comme « Donna è bello », par une sorte de remplacement spontané du pluriel « donne » par le singulier semble témoigner la force du modèle face à ses transformations. Voir par exemple Ergas, 1992 : 520, mais aussi Fraire et al., 1978 :113, où, en dépit de la reproduction dans la même page de la couverture de la revue où ressort le titre exact, la revue est mentionnée comme : « Donna è bello »).
10 Heureux jeux de mot où la transformation féministe italienne du slogan « Black is beautiful » – « Donne è bello » – est détournée en remplaçant l’italien « bello » (beau) par le latin « bellum » (guerre).
11 Déjà, à partir de 1968, la comparaison entre la lutte des femmes et celle des Noirs est affirmé par l’éditorial (Tassinari, 1968) du premier numéro de « La via femminile » (La voie féminine), revue liée au Parti radical qui, dans les numéros suivants, développera largement ce thème.
12 Communication révolutionnaire.
13 Une autre femme du collectif, Vicky Franzinetti, qui avait traduit plusieurs documents des Black Panthers, fut leur interprète pendant leur voyage à Turin, Cf. Zumaglino 1996.
14 Supplément femmes.
15 Ce texte était aussi traduit dans Partisans, avec le titre de « Pauvres femmes noires ».
16 Voir aussi Guerra, 2004 et 2005. 17 Pas de révolution sans libération des femmes.
18 Et notamment dans le n° du 30 janvier 1971 (Zumaglino, 1996).
19 Les femmes et les Noirs – Le sexe et la couleur.
20 Racisme et sexophobie.
21 Ce sera seulement plus tard qu’une conscience critique des dangers de la comparaison et de l’amalgame commencera à s’affirmer, en s’intensifiant pendant les dernières années du fait de la nécessité de combattre les formes diverses de « révisionnisme » historique qui ont poussé le comparatisme jusqu’à la banalisation, voire la négation, de la pratique d’extermination nazie.
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« J’ai, dans un premier temps, eu l’intuition que l’oppression des femmes est politique […] Je me suis mise à comparer dans ma tête la situation des femmes à la situation des Noirs, à la situation des Juifs, c’est-à-dire à des oppressions dont, à l’époque, la plupart des gens reconnaissaient qu’elles étaient des constructions sociales et ne devaient rien à la constitution physique des individus qui constituent ces groupes. Alors j’ai conçu l’oppression des femmes comme étant du même ordre » (Delphy, 1988 : 55-57).
Le féminisme italien des années 1970 reprend à son tour la référence au couple « sexe/race », comme le témoigne, de manière emblématique, la couverture de la quatrième édition d’un ouvrage d’une grande importance historique : « La coscienza di sfruttata » (Abbà et al., 1977), figurant la silhouette d’Angela Davis menottée [7]. Les thèmes de l’oppression et de l’exploitation des femmes par le système patriarcal, développés dans ce livre – traduit en français par Des femmes en 1974 avec le titre Etre exploitée –, sont ainsi symbolisés par la superposition de « femme » et « Noire » (Perilli, 1999). La première référence au binôme « sexe/ race » dans un texte féministe italien date de 1970 : elle est mentionnée dans « Sputiamo su Hegel », un des textes les plus célèbres du groupe Rivolta femminile. Dans ce texte, en développant à l’extrême le thème, fondamental pour la quasi-totalité des féminismes de la période, de l’oppression commune des femmes par le patriarcat (les femmes constituent une classe – ou une caste – par delà les classes sociales, en raison de leur fonction commune de reproductrices, d’éleveuses d’enfants et de travailleuses ménagères), Lonzi affirmait : « l’homme noir est égal à l’homme blanc, la femme noire est égale à la femme blanche" (Lonzi, 1970 : 21). Ici, l’analogie entre sexe et « race » figure dans la forme limite d’une dénégation qui permet d’assurer le caractère fondamental de la différence sexuelle [8]. L’association entre « sexe » et « race » est à l’époque systématique, même si elle est hétérogène. On la retrouve depuis le titre de la revue du groupe Anabasi, Donne è bello – titre évidemment emprunté au slogan du Black Power « Black is Beautiful » [9]–, jusqu’au nom de l’un des groupes féministes actifs à Bologne au milieu des années 1970, les Pantere Rosa, nom qui, même par sa prise de distance ironique, signale la persistance du modèle révolutionnaire des Black Panthers. Ce sont donc des « contaminations sémantiques et politiques » (Baeri, 1997 : 16) qui, comme dans le cas du manifeste pour la liberté d’avortement Donne è bellum [10] du collectif Zizzania, marquent aussi le passage entre la phase de revendication des droits civils à la lutte révolutionnaire par le choix même d’un langage belliqueux comme dans le dernier exemple mentionné. Il serait tout à fait nécessaire de reconstruire plus en détail les canaux d’arrivée de cette thématique en Italie et, notamment, les rapports internationaux du mouvement féministe italien – principalement avec les Etats-Unis et la France au début des années 70 – ainsi que les traductions et la circulation des matériaux concernant ce thème. Si l’un de ces canaux a été le Parti radical [11], des féministes ont aussi joué un rôle majeur et notamment Maria Teresa Fenoglio et Serena Castaldi. La première, militante féministe à Turin, collabore avec des autres femmes à la rédaction de Comunicazioni rivoluzionarie (Cr)[12]. Celui-ci était un groupe – avec des sièges à Turin, Milan, Rome et plus tard à Boston – qui offrait un service de ronéotype aux autres organisations de la nouvelle gauche. Il se proposait également de diffuser en Italie des informations sur les luttes révolutionnaires aux Etats-Unis et vice-versa (Zumaglino, 1996). Les femmes du collectif traduisaient des textes tirés des journaux de l’underground nord-américain en particulier sur les luttes des Black Panthers [13] et des luttes contre la guerre du Vietnam qui étaient publiées dans le Note de Cr. A partir de septembre 1970, Fenoglio – qui peu après va à Boston pour travailler dans le siège local du groupe– et les autres femmes de la rédaction publient un supplemento donne [14], supplément bimensuel où seront traduits articles et notices du mouvement féministe nord-américain, parmi lesquels des manifestes des Black Panthers sur les droits des enfants et les luttes des femmes noires dans les hôpitaux. La deuxième, Serena Castaldi, militante de Anabasi a certainement joué un rôle important en introduisant en Italie à son retour des États-Unis les premiers textes sur la pratique de consciousness-raisin. Anabasi, en 1972, publie le déjà cité Donne è bello où les références à cette analogie sont nombreuses et hétérogènes. Cette publication, qui a eu une large diffusion militante, contenait de nombreuses traductions : L’ennemi principal, un article de Monique Wittig (« Lotta per la liberazione della donna ») qui établissait l’analogie femmes-Noirs, ainsi que plusieurs articles du féminisme nord-américain, en grande partie tirés du recueil des Radical Feminists, « Notes from the First, Second, Third Year ». L’unique voix des militantes noires dans Donne è bello est la fameuse réponse des Sœurs à l’appel lancé des Frères du Black Unity Party de Peekskil [15]. Mais cette voix était sans « contexte de signification » (Passerini, 2005 : 192) puisque la partie dédiée au Black Feminism de « Notes from the Third Year » n’eut pas de traduction italienne. Parmi les contributions italiennes, la comparaison entre femmes et Noirs est reprise – sur le modèle de « A kind of memo », l’un des textes précurseurs du féminisme nord américain des années 60 (King et Casey, 1964) [16] – dans « Non c’è rivoluzione senza liberazione della donna »[17], daté de décembre 1970 et dejà publié par le Supplemento donne de Cr [18] – du groupe Cerchio spezzato. Quelques-unes des militantes de ce groupe – en particulier Luisa Abbà et Elena Medi – seront très proches du Demau, et ont ensuite joué un rôle important dans les rapports entres les féministes italiennes et Psychanalyse et politique ainsi que dans la constitution de la Libreria delle donne et l’élaboration de Più donne che uomini (Cigarini, 1995 ; Schiavo, 2002) Le paragraphe intitulé Le donne e i Neri – il sesso e il colore19 fonde l’analogie sur le fait biologique du « sexe » et de la « race » :
« Le processus de libération du peuple noir nous a fait de plus en plus prendre conscience de notre situation réelle et des analogies très strictes existant entre eux et nous. Etre femme tout comme être Noir est un fait biologique, une condition fondamentale […]. Comme les Noirs d’Amérique, qui se reconnaissent exploités non seulement à cause de leur appartenance de classe mais aussi à cause de la couleur de leur peau et donc, pour sortir de leur condition de subordination, luttent contre une société capitaliste mais aussi blanche, de la même façon les femmes pourront trouver une réelle voie de libération en luttant contre une société que n’est pas seulement capitaliste, mais aussi mâle » (Cerchio Spezzato, 1972 :127).
Si la force de la comparaison résidait dans sa valeur de contestation de toute forme de naturalisme (cf. notamment à L’ennemi principal), elle est maintenant pliée à un rôle inversé de fondation : la comparaison femmes/Noirs est ici basée précisément sur leur caractéristiques physiques (le sexe, la peau) ce qui est l’exact contraire des considérations de Delphy qui, comme nous l’avons vu, établit l’analogie entre les femmes et d’autres groupes opprimés afin d’affirmer que même l’oppression des femmes est une construction sociale qui ne doit rien à leur constitution physique. La même année paraît le déjà cité La coscienza di sfruttata dont la rédaction remonte vraisemblablement à quelques années auparavant. Il s’agit de la publication d’un mémoire de maîtrise en sociologie soutenue à l’université de Trente par le premier noyau du Cerchio Spezzato (Luisa Abbà, Gabriella Ferri, Giorgio Lazzaretto, Elena Medi et Silvia Motta). Le paragraphe Razzismo e sessofobia [20] propose une version intensifiée et étendue de l’analogie, par une série de comparaisons et de glissements métaphoriques :
« Le racisme et la sexophobie forment un binôme inséparable. Le racisme ne vit, ne prend corps, matière et signification, que s’il est mis en équation avec ce qui est 'différent' : différent qui devient pour lui immédiatement inférieur (la femme, le Juif, le Noir). […] L’unique expérience de masse comparable d’une certaine manière à l’esclavage des Noirs que l’Occident ait connue est l’enfer nazi. Les camps de concentrations n’ont pas seulement été un système d’esclavage pervers, ils ont été aussi un patriarcat pervers, ce qui est moins évident mais plus précis. […] de nombreux prisonniers des camps de concentrations nazis ont été transformés en enfants pleurnichards, serviles et dépendants. […] La situation de dépendance absolue de l’esclave, du prisonnier, les oblige à considérer la figure de l’autorité comme étant réellement bonne. Pour les femmes, le camp de concentration c’est la maison : leur position subordonnée et dépendante à l’égard des hommes les conduit à s’identifier à eux » (Un collectif italien, 1974 : 63-66).
« L’originalité » de ce discours tient au fait qu’il introduit le « Juif » à côté du « Noir » qui, à l’époque, est le symbole privilégié incarnant la « race » dans les mouvements révolutionnaires, comme du reste dans tout mouvement anti-impérialiste de l’après-guerre. Le stéréotype unissant les Juifs et les femmes, fondé sur leur identification avec la sexualité, s’enracine dans une très ancienne tradition, du christianisme originel jusqu’à Weininger (Rossi-Doria, 1999). Mais sa reprise en termes critiques débouche ici sur un amalgame entre le sexisme et l’antisémitisme qui élude la spécificité de la condition et du sort réservé aux Juifs et aux Juives, (dont le traitement nazi n’est pas celui réservé aux autres femmes], par le système génocidiaire nazi. Une certaine banalisation de l’antisémitisme est en plus ici confortée par la reprise a-critique du cliché des Juifs comme « enfants pleurnichards » qui réactive le préjugé de la passivité des Juifs. Du reste, l’utilisation métaphorique du nazisme dans la lutte contre certaines formes d’oppression et d’exploitation a souvent été un lieu commun récurrent dans les mouvements de contestation de l’époque (il suffit ici de rappeler le fameux « CRS-SS » – en italien PS-SS) [21] et les mouvements féministes n’ont pas échappé à ce piège (Lesselier, 1997). Même Lotta femminista, l’un des groupes les plus connus et actifs des années 70 n’échappe pas à certaines simplifications, en dépit de son attention à éviter les comparaisons génériques et de ses analyses mieux articulées et plus attentives aux disparités de pouvoir entre les diverses fractions de classe : ouvriers indigènes versus migrants - non seulement les Noirs mais aussi les immigrés « intérieurs », c’est-à-dire les Italiens qui émigraient du Sud de l’Italie pour travailler dans les grandes usines du Nord-, ouvrier salarié et femme sans salaire, double infériorisation des femmes immigrées. Ainsi, en parlant de l’exclusion des femmes allemandes du marché du travail par le nazisme, le groupe affirme que « les lois de fer sur l’occupation féminine […] enfermèrent la femme allemande dans le « Lager » des trois « K » (Kinder, Kirche, Kuche) » (Lotta Femminista, 1972 : 83), oubliant que des autres femmes – juives, lesbiennes, tziganes –, furent enfermées dans bien d’autres « Lager ». Au-delà du cas limite du nazisme, il est indubitable que la comparaison opérée par les féministes entre leur propre situation et celle des autres groupes opprimés « fut un moment, peut-être incontournable, dans l’émergence d’un mouvement, la recherche d’une identité, et l’analyse d’un système d’exploitation et d’oppression complexe, et irréductible à tout autre» (Dhavernas et Kandel, 1983 :15). Les analogies et les métaphores – comme celles de l’esclavage et de l’affranchissement – employées pour décrire et définir le sexisme, ont été souvent utiles et fécondes (Dorlin, 2002) Toutefois, une reconstruction critique des avatars du binôme « sexe »/« race » dans les parcours du féminisme italien peut contribuer à faire émerger une réflexion sur les risques entraînés par ces analogies. Relativement efficace sur le plan stratégique, l’amalgame sexisme/racisme – et de certaines formes spécifiques de racisme, comme l’antisémitisme – tout comme la présomption de l’identité immédiate des respectifs « anti », montre de fortes limites du point de vue théorique et politique (Balibar, 1989-1990 ; Dhavernas, 1993 ; Perilli, 1999).
1 Les filles du Cap Vert. Maraini, Dacia, Le ragazze del Capo Verde, 16 mm, BN, 50’, 1976. Cf. Miscuglio et Daopoulo, 1980 : 208. Le film figurait aussi – sous le titre de Le ragazze di Capo Verde – , dans la liste des films féministes publiée dans L’almanacco (Fraire et al. 1978 :143).
2 Le terme de collaboratrice familiare (colf), euphémisme italien pour dire « bonnes », a été forgé par les ACLI (Associazioni cattoliche lavoratori italiani, i.e Associations catholiques des travailleurs italiens), qui avaient créé un secteur spécifique ACLI-colf, au début des années 70 (Turrini, 1977).
3 Dans les années suivantes, on assiste à la suite des guerres à l’arrivée de familles entières de Somalie (autre ex-colonie italienne) et des pays de l’Europe orientale. Enfin, avec la loi dite Turco-Napolitano sur le « ricongiungimento familiare » (regroupement familial) arrivent en Italie les Nord-Africaines (Campani, 2000 et 2002).
4 Même bell hooks, l’une des intellectuelles contemporaines qui a placé au cœur de son travail les questions du sexisme et du racisme, reconnaît Malcom X comme une référence théorique et politique centrale dans son propre parcours de politisation ( Nadotti, 1998 : 45).
5 Paradoxalement, le féminisme nord-américain et ensuite européen, emprunte la pratique du séparatisme des mouvements des Noirs, lorsque certains groupes féministes afro-américains rejettent le séparatisme justement au nom de la solidarité avec la communauté noire, solidarité basée sur la commune expérience du racisme. Par exemple le Combahee River Collective, voir. Dorlin, 2005 ainsi que la traduction de ce texte et l’article de J. Falquet contenus dans ce numéro.
6 Le texte de Delphy, originairement signé Christine Dupont (rééd. in Delphy, 1998) a été traduit avec le titre « Il nemico numero uno » in Anabasi, 1972: 40-66 et avec le titre « Il nemico principale », in Menapace, 1972 : 257-279.
7 Comme on le sait, une vaste campagne internationale pour la libération d’Angela Davis avait eu lieu : enseignante à l’université de San Diego en 1970, Davis avait été exclue de l’université et emprisonnée pendant deux ans à New York, à la suite d’une tentative d’enlèvement d’un juge et d’un procureur qui s’était soldée par un carnage , tentative dans laquelle elle avait été mise en cause à tort.
8 À la même époque, aux Etats-Unis notamment, on commence à dénoncer le racisme implicite de l’analogie femmes-Noirs (et femmes blanches/femmes noires), tout comme l’affirmation « Nous aussi, nous sommes opprimées » (Décuré, 1974 : 456).
9 Le fait que le titre de la revue soit souvent cité comme « Donna è bello », par une sorte de remplacement spontané du pluriel « donne » par le singulier semble témoigner la force du modèle face à ses transformations. Voir par exemple Ergas, 1992 : 520, mais aussi Fraire et al., 1978 :113, où, en dépit de la reproduction dans la même page de la couverture de la revue où ressort le titre exact, la revue est mentionnée comme : « Donna è bello »).
10 Heureux jeux de mot où la transformation féministe italienne du slogan « Black is beautiful » – « Donne è bello » – est détournée en remplaçant l’italien « bello » (beau) par le latin « bellum » (guerre).
11 Déjà, à partir de 1968, la comparaison entre la lutte des femmes et celle des Noirs est affirmé par l’éditorial (Tassinari, 1968) du premier numéro de « La via femminile » (La voie féminine), revue liée au Parti radical qui, dans les numéros suivants, développera largement ce thème.
12 Communication révolutionnaire.
13 Une autre femme du collectif, Vicky Franzinetti, qui avait traduit plusieurs documents des Black Panthers, fut leur interprète pendant leur voyage à Turin, Cf. Zumaglino 1996.
14 Supplément femmes.
15 Ce texte était aussi traduit dans Partisans, avec le titre de « Pauvres femmes noires ».
16 Voir aussi Guerra, 2004 et 2005. 17 Pas de révolution sans libération des femmes.
18 Et notamment dans le n° du 30 janvier 1971 (Zumaglino, 1996).
19 Les femmes et les Noirs – Le sexe et la couleur.
20 Racisme et sexophobie.
21 Ce sera seulement plus tard qu’une conscience critique des dangers de la comparaison et de l’amalgame commencera à s’affirmer, en s’intensifiant pendant les dernières années du fait de la nécessité de combattre les formes diverses de « révisionnisme » historique qui ont poussé le comparatisme jusqu’à la banalisation, voire la négation, de la pratique d’extermination nazie.
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